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L
’inspiration n’y est plus.
J’affronte la feuille à la blancheur inviolée,
Qui d’un air triomphant et narquois,
Repousse ma plume comme aux premières heures,
Ou les heurs ne me souriaient pas encore.

Fragile, épuisé, abattu, je me soumets et rends les armes,
Devant cet adversaire aux charmes incontournables,
Qui dans toute sa splendeur dicte ma foi, dicte mon cœur.
Elle m’attire, me fait vivre, me donne la force d’avancer,
Elle est mes jambes, elle est mes heures perdues,
Que je serrent souvent dans nos étreintes passionnées,
Ou l’encre coule à flots dans toute ma volupté.

L’inspiration n’y est plus.
Immuable, insondable, elle me scrute toujours,
Et je ne peux que m’incliner.
Ô inspiration qui me torture si cruellement, 
Qu’ai-je donc fait au firmament pour que soudain,
Tu t’égares dans ce mutisme si poignant?

Tu n’es plus inviolée ma douce amie,
J’emporte avec moi ta triste virginité.
Les veines ouvertes, la bouche béante, mon sang coule
Le long de ta silhouette offusquée.
Nous ne faisons plus qu’un, mon amour,
Je t’ai donné mon dernier souffle, mes dernières amours,
Tu ne voulais pas de mes rimes, de mes chants,
Prends donc les dernières volontés d’un mourant.

L’inspiration me revient.
Les secondes me sont comptées mais les secondes comptent,
Car de mes yeux désormais embués,
Je vois les rimes dans un doux concerto lyrique,
Coulaient le long de ton corps dans le sillage de mon sang.
Je me sens étrangement vivant dans ce dernier instant,
Le condamné ne devrait pas sourire, au diable les conventions.
Je me meurs enfin, et au sommet de sa gloire,
L’inspiration s’éteint.

[Big Ben - Londres]